Objectifs scientifiques

L’école thématique se déclinera en 2 axes principaux.

1) La combinaison d'enregistrements filmiques avec d’autres types de données 

Les vidéos ne sont généralement pas les seuls types de données produits par les chercheurs. Ceux-ci mobilisent aussi souvent des entretiens, des questionnaires, ou encore des documents qui donnent par exemple des informations importantes sur les contextes sociaux des situations éducatives, ou fournissent des traces de l’activité des acteurs (ex : cahiers d’élèves). Certains chercheurs en SHS réalisent aussi des observations ethnographiques (notes sur cahier de terrain) pendant une durée plus ou moins longue avant de commencer à filmer, puis en parallèle au filmage. Pour d’autres encore, les enregistrements filmiques ne constituent pas des données primaires (au sens où les analyses portent principalement sur ces sources filmiques), mais une technique de prise de données auxiliaire ou ponctuelle, dans le cadre d’une approche où l’observation et la prise de notes (carnet, journal de terrain) sont dominants.

Comment décider d’une stratégie de production de données cohérente (Olivier de Sardan, 1995) en fonction d’un projet de connaissance donné, d’un type d’objet étudié, d’une certaine orientation théorique, des spécificités ou caractéristiques du terrain d’enquête, et de la position construite par le chercheur au sein de celui-ci (par exemple : possibilité ou impossibilité de filmer dans un groupe social pour des raisons techniques ou d’acceptation des acteurs) ? Comment ensuite analyser le corpus produit, si on fait l’hypothèse que même dans les analyses les plus « micro » (ethnométhodologie, analyse conversationnelle, etc.), les chercheurs ne peuvent pas s’appuyer strictement sur des informations fournies par un film, mais convoquent également diverses connaissances qu’ils se sont constituées sur le contexte institutionnel ou organisationnel des pratiques observées, ou encore l’historique des relations entre certains acteurs, etc. (Cicourel, 2007 [1981]) ? Comment alors croiser ou « trianguler » différents types de données d’un corpus pour produire des analyses et des interprétations, enrichir celles-ci et les valider ? Quelles sont les opérations concrètes réaliser par les chercheurs pour faire cela ? En quoi les caractéristiques des types de supports mobilisés (notes d’observation, copies de documents, enregistrements sonores, photos, vidéos, etc.) influent-elles sur l’inscription des phénomènes observés et leur perception après-coup par le chercheur à des fins d’analyse ?

2) Les dispositifs de représentation des données 

Le second axe s’intéressera aux dispositifs de représentation des données qu’il est possible d’élaborer pour analyser un corpus, ou encore pour présenter des résultats de recherche. Ces dispositifs sont produits par les chercheurs à partir des données du corpus : par exemple, un extrait vidéo auquel on superpose des symboles graphiques, des images, des indications textuelles, voire des commentaires audio ; ou encore, un diagramme représentant des catégories de phénomènes ou de processus en fonction du temps. Ce type de dispositif de représentation, s’appuyant sur la multimodalité (texte, image, son, graphisme) constitue le point d’articulation entre la théorie et le matériau empirique. Les possibilités offertes par le numérique sont très importantes pour construire de tels dispositifs. Il s’agira donc de mettre en évidence la façon dont, à partir d’une problématique, de choix théoriques et de matériaux empiriques, il est possible de produire des dispositifs d’analyse et de présentation des résultats pertinents pour une recherche, en faisant preuve de créativité.

Pour aborder ces deux axes, l’école s’appuiera sur plusieurs intervenants reconnus nationalement ou internationalement pour leurs travaux mobilisant de façon centrale les données filmiques, ainsi que sur l’expertise développée au sein de la Structure Fédérative de Recherche (SFR) ViSA. 

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